4 and 5 December 2010

All contributions have been peer reviewed

Programme and abstracts: French/English
Programme and abstracts: French/Dutch

Actes

Benoît PEETERS

écrivain et scénariste
From Little Nemo to the Autrique House. Comic strips and Art Nouveau, back and forth

La passion que nous nourrissons pour Victor Horta et l’Art nouveau, le dessinateur François Schuiten et moi-même, est au moins aussi ancienne que la série « Les Cités obscures ».
Notre premier album commun, Les Murailles de Samaris, débute dans la ville de Xhystos dont l’architecture évoque un Art Nouveau systématisé à l’échelle de toute une ville. En 1983, lors de la sortie de ce livre, quelques planches originales furent d’ailleurs exposées au Musée Horta, un musée déjà dirigé par Françoise Aubry qui, des années plus tard, a partagé avec nous l’aventure de la Maison Autrique. Mais par-delà ces coïncidences personnelles, les liens entre Victor Horta et ce qu’on appelle parfois le “neuvième art” sont plus nombreux, et sans doute plus profonds, qu’on ne pourrait le croire…

Werner ADRIAENSSENS

Conservateur de la section des Arts
Vienna-Brussels: myth or reality. The Belgian Decorative Arts before the First World War

Vienne occupe une place particulière dans les annales de l’architecture et des arts décoratifs belges. Le lien entre la capitale de l’Autriche et Bruxelles y est souvent souligné. La capitale belge héberge en effet le Palais Stoclet (1905-1911), oeuvre maîtresse de la Wiener Werkstätte. Il est logique qu’un bâtiment aussi exceptionnel que cette demeure palatiale ait marqué de son empreinte la scène artistique belge. Les historiens de l’art sont unanimes: la prestigieuse résidence fut un moment charnière. Le style des Wiener Werkstätte sonnera non seulement le glas de l’Art nouveau belge et de sa fameuse ligne en « coup de fouet », il introduira aussi un nouveau langage de formes, d’inspiration autrichienne dans l’architecture et les arts appliqués qui évoluera vers l’Art déco. Nous avons l’intime conviction que le Palais Stoclet a fortement marqué ses contemporains et que son style et celui de la Wiener Werkstätte ont inspiré plus d’un architecte et décorateur. En revanche, nous avons du mal à croire que l’épurement du style exubérant de l’Art nouveau typiquement belge soit uniquement imputable à ce mouvement viennois. A la lumière de cette conférence, force est de constater que les recherches menées jusqu’à ce jour par les historiens de l’art et de l’architecture sont trop peu critiques, superficielles et unilatérales. Une série d’exemples, vus à travers le prisme de sources historiques, montrent qu’en réalité l’histoire est beaucoup plus complexe et nuancée.

Philippe THIÉBAUT

Conservateur général du patrimoine, Chef du service de la conservation du Musée d'Orsay
Neo Art Nouveau and advertising graphics in the 1960s

La période de réhabilitation et de réévaluation de l’Art Nouveau qui s’étend de la fin des années 1950 au début des années 1970 constitue une étonnante page de l’histoire du goût dans la mesure où des champs divers sont touchés par le phénomène : histoire de l’art , marché de l’art, création contemporaine, notamment dans les domaines spécifiques du design et du graphisme. La multiplication en Europe et aux Etats-Unis d’expositions consacrées à l’affiche Art Nouveau et aux maîtres du graphisme Art Nouveau stimule l’imagination des artistes contemporains. En premier lieu celle des jeunes dessinateurs psychédéliques qui dès 1966 intègrent dans leur langage l’enseignement de l’Art Nouveau. Au cours des années 1960 le langage publicitaire, sous la double influence de l’Art Nouveau et de l’art psychédélique, prend une coloration spécifique immédiatement identifiable. C’est au développement de ce langage et à l’analyse de ses composantes que cette communication est consacrée.

Rossend CASANOVA

Conservateur du Disseny
Barcelona and the 2002 Gaudí International Year : a model for cultural management

En 2002, à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de l’architecte Antoni Gaudí, Barcelone, la ville où il a étudié architecture, a vécu pendant la majeur partie de sa vie et où se trouvent ses oeuvres les plus importantes, lui a dédié l’Année Internationale Gaudí, un grand programme, modèle de gestion culturelle.

Véronique BRUMM

Responsable des collections, Musée Lalique
Stakes of the Lalique Museum. From the project to the opening - more than fifteen years of preparation

René Lalique (1860-1945), artiste d’exception, a successivement marqué l’Art nouveau puis l’Art Déco. Considéré par Emile Gallé comme l’inventeur du bijou moderne, il explore le monde animal et végétal et les femmes sont ses muses. Grand maître du verre, il s’est illustré dans le domaine des flacons de parfum puis des arts de la table, parallèlement à la création d’objets d’art – vases, statuettes, surtout… – et d’éléments architecturaux.
Après plus de quinze ans de gestation, le musée Lalique ouvrira ses portes au printemps 2011, à Wingen-sur-Moder, village alsacien où René Lalique a choisi de s’installer en 1921, profitant de la tradition verrière locale. A travers une muséographie résolument moderne, il mettra en valeur les multiples facettes de son talent et évoquera le contexte dans lequel il s’inscrit, qu’il soit historique, artistique, social ou encore technique.

Jean-Daniel JEANNERET

Architecte du patrimoine, Gestionnaire du site "La Chaux-de-Fonds / Le Locle, urbanisme horloger" inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO
Art nouveau, a tool for heritage discovery

Le patrimoine, dans l’inconscient collectif, fait référence à des images archétypales simples: ruines, châteaux, églises, rues pittoresques, etc. Bien que ces images soient en nombre, elles ne suffisent pas à couvrir l’ensemble complexe qui constitue aujourd’hui le patrimoine historique. Or, le patrimoine représente actuellement un outil fort du marketing urbain; une ville dynamique doit, paradoxalement, être aussi historique. Cependant, dans un contexte de concurrence, le défi est de trouver un patrimoine suffisamment archétypique pour être facilement identifiable tout en étant d’une certaine originalité. L’Art nouveau peut être un patrimoine intéressant à mettre en exergue pour les collectivités publiques qui ont la chance d’en abriter car, contrairement aux témoins médiévaux qui semblent omniprésents en Europe, ceux relevant de l’Art nouveau se font bien plus rares. Autre avantage, l’Art nouveau, qui dès son émergence s’adresse en partie du moins au quidam, est populaire. Contrairement à l’éclectisme, qui fait appel pour l’apprécier à une certaine culture stylistique, l’Art nouveau plaît sans besoin d’explication. Il est d’ailleurs piquant d’observer le nombre de devantures de petits commerces reprenant des calligraphies d’inspiration Art nouveau. Il ne faut toutefois pas y voir un antagonisme absolu avec l’étude et la mise en valeur scientifique du patrimoine Art nouveau, le cognitif ayant besoin d’une certaine publicité, le marketing une certaine crédibilité.

Werner ADRIAENSSENS

Conservateur de la section des Arts décoratifs du XXe siècle
The Modern Art register of the Royal Musems of Art and History. An acquisition policy (1893-2010)

Par arrêté royal, en 1889 fut fondée la section des Arts Industriels Modernes au Musée du Cinquantenaire, jadis intitulé Musée royaux des Arts décoratifs. Quelques années plus tard, en 1891, une commission fut fondée afin de choisir les oeuvres modernes pour cette collection. De 1894 à 1900 une politique d’acquisition active fut menée et dans un registre spécial, ‘Art Moderne’, ces oeuvres étaient répertoriés. Après 1900 les acquisitions pour cette section deviennent de plus en plus sporadiques et après 1925 le registre est abandonné. Ce n’est qu’après l’ouverture du Musée d’Orsay à Paris en 1986, que les Musées royaux d’Art et d’Histoire ont recommencé à s’intéresser à la collection de l’Art nouveau. En effet, afin de voir l’Art nouveau belge, notre public devait se rendre à Paris. Depuis lors, avec une politique d’acquisition mûrement réfléchie, ses collections de l’Art nouveau sont de première importance mais malheureusement partiellement visibles.

Metta TIEMON

Vorsitzende
Reawakening Art Nouveau heritage through private initiative in Bad Nauheim

The fountain court, Sprudelhof, of the once world-famous spa town Bad Nauheim lay idle and neglected for many years. The thesis of art historian Britta Spranger drew attention to its fine Art Nouveau architecture and decoration in the 1980ies.
The aims of the Art Nouveau association, Jugendstilverein Bad Nauheim, founded in 1997, are to maintain the cultural heritage and make it known to a wider public.
In the lecture, examples of restoring Art Nouveau elements by voluntary work, private publicity activities as well as organizing public protest are explained. Finally the most ambitious project, establishing an Art Nouveau centre in spa house 4 is mentioned.

Breda MIHELIČ

Doc. dr., Assistant Professor History of Art
The Rihard Jakopič pavilion: first art gallery and reception of modern art in the provincial milieu of Ljubljana in the early twentieth century

Au début du 20e siècle, aucun espace permanent destiné aux expositions artistiques n’existe à Ljubljana, pas même en Slovénie. Ce n’est qu’après le succès international du groupe de jeunes artistes nommé Club Sava que l’on commence à plaider en faveur de la fondation d’une maison d’art. L’idée de construire une galerie d’art à Ljubljana coïncide avec la modernisation de la ville au tournant du 19ième et du 20ième siècle et avec les revendications de plus en plus vives en faveur de l’émancipation nationale. La galerie d’art de Jakopič, qui ouvrit ses portes en 1909, offrit aux artistes les conditions de travail nécessaires et la possibilité de se présenter au public dans leur milieu local.
La conférence explique le contexte politique et socio-économique qui a rendu possible la réalisation de ce projet d’importance nationale et examine la contribution de ce nouveau foyer artistique rassemblant sous un même toit l’école d’art et la galerie, contribution d’une part à la réalisation des aspirations nationales et au développement de la vie culturelle et artistique et d’autre part à la formation du goût artistique ainsi qu’à la réception de l’art moderne dans le milieu provincial de la ville.

Ritva WÄRE

Ph. D. Docent
Changing interpretations of Art Nouveau architecture in Finland in the first years of the 20th century

Art Nouveau was identified as a style in architecture and applied arts in Finland round about 1898. At that time it was regarded foreign, especially western European, and clearly modern. It was often even called modern style. A Finnish variation of Art Nouveau was developed in the next few years as a fusion of National Romantic ideas and motifs and foreign Art Nouveau and Arts and Crafts influences.
This Finnish Art Nouveau was popular especially in the growing capital Helsinki during the first decade of the 20th century. It was used in all kinds of building types and favored by a wide variety of clients. Contemporary interpretations of Art Nouveau were written by architects and professional writers. Art Nouveau, or more correctly the different personal variations of Art Nouveau, were seen as modern and international, or very Finnish, or later on, as totally outdated and unfit for modern urban landscape.

Blandine OTTER

Assistante de conservation et documentaliste
The perception of the Ecole de Nancy bookbindings at the 1893 National Society of Fine Arts Fair

Au tout jeune Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de Paris de 1893, la reliure nancéienne fait une entrée fracassante. Les créations de Victor Prouvé, Camille Martin et René Wiener sont loin de laisser la critique indifférente. Les avis sont en effet partagés: les uns louant ces oeuvres modernes, les autres les fustigeant. Les institutions et les amateurs bibliophiles porteront également leurs regards sur ces productions.
Cette conférence tentera d’évoquer en quoi ces oeuvres ont révolutionné l’art de la reliure. Et de dresser un tableau des commentaires qu’elles ont pu engendrer.

Christina USLULAR-THIELE

Art Historian
The "Darmstadt Style" - artistic provocation and signpost

“Jugendstil”, the German Art Nouveau, became successful in graphic arts as an innovation for avant-garde circles, but disturbing for the so-called “normal people” (breites Publikum) with new architecture and interior concepts. That the Grand Duke of Hessen sponsored a community of artists and arranged a great exhibition in Darmstadt 1901, was support for the artistic movement and a success to be attended in Germany. But it did not bring immediate success in the small region and several years of accommodation and transformation were necessary to create the “Darmstadt Style”. The best and most beautiful example for this adaptation “from art into daily life” is the combination of traditional and avant-garde architecture and decorations of the spa-buildings complex in Bad Nauheim.

Roselyne BOUVIER

Professeur d'histoire de l'art
The Furniture Industry Fairs in Paris between 1902 and 1911

Conçu par la Chambre syndicale de l’ameublement, le Salon des Industries du Mobilier avait pour vocation de mieux faire connaître l’industrie du meuble alors qu’elle était un secteur de production tout particulièrement menacé par le développement de la fabrication étrangère. Une autre raison fut de réunir les artistes créateurs, habitués des expositions, et les fabricants de meubles, du Faubourg Saint Antoine notamment, pour tenter de concilier les formes nouvelles des uns avec les tendances plus traditionalistes des autres. La première des manifestations eut lieu en 1902, les autres suivirent en 1905, 1908 et 1911. Malgré la bonne volonté des organisateurs souhaitant développer et encourager l’industrie du meuble en amorçant une réflexion sur une possible esthétique industrielle, les artistes ne furent que peu présents. La diffusion du répertoire Art nouveau se fit de manière superficielle et laissa, de fait, la part belle à la production de copie de style. Si cette initiative permit à certains industriels de se faire connaître, elle contribua à brouiller les repères de la modernité aux yeux du public.

Hélène GUÉNÉ

Professeur d'histoire de l'art contemporain
Renewal of the decorative repertoire: grammar and syntax

Grammaire
A l’époque néoclassique, savamment écrits, l’ornement et le décor dépendent des ordres à l’antique et de l’architecture sur laquelle leur place est codifiée. Pour aider les artistes à créer, dans le monde européen de l’industrialisation massive des années 1840-1870, des ouvrages sont publiés qui accumulent les « styles » de l’histoire universelle de la création humaine. Ils les entraîneront dans un monde intellectuel, celui d’un historicisme où l’on prend plaisir à perturber les codes de l’écriture. A côté de l’emprunt à « l’histoire » et en opposition avec lui, l’ornement qui se veut « moderne », celui de l’Art Nouveau (et jusqu’à la grande Guerre), sera lié à l’observation attentive de la nature, sa faune comme sa flore, source d’inspiration sans fin, exploitée avec une grande liberté formelle jusqu’à le rendre abstrait. Dès lors, abandonnant cette référence obligée, le répertoire décoratif s’engage dans d’autres voies qui font appel à la tradition populaire et se teinte de primitisme.
Syntaxe
Echappant à la manière de construire héritée de l’époque classique, l’Art Nouveau de Victor Horta, de Paul Hankar, ou d’Hector Guimard et même d’Eliel Saarinen, procède par addition analytique de composantes sur une structure constructive dont la logique rationaliste est héritée de Viollet-le-Duc. D’autres, comme Henry van de Velde, reléguant au second plan la manière de construire, s’intéressent principalement à la dynamique de la forme, à la recherche du mouvement. Plus marginale, l’approche synthétique d’éléments organiques propre à Antoni Gaudi est une fusion épique d’où émergent un souffle vital, une énergie primitive spectaculaire. En quelques années et à travers toute l’Europe, l’architecture et son décor sont passés du monde d’une logique constructive pour se fondre dans l’abstraction: ornement, décor et construction s’associent désormais pour magnifier l’espace et la lumière.

Françoise AUBRY

Conservatrice du Musée Horta
Fortunes and misfortunes of the work of Horta

Cette communication passe en revue le sort de quelques bâtiments de Victor Horta au cours du XXe siècle, des bâtiments tantôt brutalement détruits comme l’Hôtel Aubecq en 1950 ou la Maison du Peuple en 1965 ou transformés à l’extérieur. Le sort des bâtiments de Horta témoigne de l’évolution du regard porté sur l’Art Nouveau et de la fragilité d’une oeuvre architecturale célébrée à son époque.

Peter TROWLES

Mackintosh Curator, Archives and Collections Centre, The Glasgow School of Art, Glasgow and President of the Réseau Art Nouveau Network
The Mackintosh Phenomenon - The rise of Charles Rennie Mackintosh as cultural icon, cultural superstar!

The Glasgow architect Charles Rennie Mackintosh died in 1928. Five years later in 1933, and only on the death of his wife Margaret Macdonald, a small memorial exhibition was staged to honour his life and work. Remarkably it was to be a further 35 years, in 1968, before another, more substantial exhibition was arranged to profile his artistic creativity. However, since the 1980s interest in both Mackintosh and Glasgow’s cultural heritage has reached an unprecedented level amongst academics and the general public alike. Today, Mackintosh’s name and reputation is known the world over.
This presentation looks at some of the factors that have projected Mackintosh’s work to a growing international audience.

Paul GREENHALGH

Director of the Sainsbury Centre for the Visual Arts
Life and afterlife: observations on the decline and resurrection of Art Nouveau

In 1995, the V&A Museum in London began planning a major exhibition on the Art Nouveau style. One of the key debates among curators at that time was whether the public would attend the exhibition, and therefore, whether it was worth doing. When the exhibition opened in 2000, it broke the museum’s attendance record.
Art Nouveau as a style had perhaps one of the most complex developmental phases: its formation is still the subject of scholarly exploration and debate. But if anything, the decline of Art Nouveau, and its very chequered afterlife through the twentieth and twenty-first centuries, is even more complex and difficult to explain. So much so, that it was unclear in 1995 what the public thought of the style. In key periods in the twentieth century, it was reviled in ways which few styles have ever been. The level of castigation often belied the idea that this was simply a visual style: for many writers, it was a contagion. At yet other moments, the style enjoyed spectacular popularity and prosperity. This paper will use examples from England, Belgium, France, and America, and seek to explain and describe two phenomena: first, the actual reasons for the decline of Art Nouveau and second, the changing attitudes of collectors, critics and institutions in the century after its demise as a living style.